Notre nouveau sujet ce mois-ci a porté sur “l’éthique et l’intelligence artificielle”. Sébastien Mazin-Pompidou, Directeur du Développement chez Saegus, a participé à cette enquête menée avec notre partenaire Odoxa, pour sonder l’avis des Français au regard de l’AI. On y apprend – sans surprise – que la majorité d’entre eux en à peur (56%) ou qu’ils la craignent, la peur pour leur emploi dominant. Si la plupart des sondés considèrent que l’éthique n’est pas suffisamment prise en compte, ils en appellent aux intellectuels, aux entreprises et aux gouvernements pour la définir et la mettre en place concrètement.
L’IA considérée depuis… 1950 ?
L’Intelligence Artificielle intrigue autant qu’elle angoisse. C’est du moins le cas en France. En effet, le récent sondage réalisé par Odoxa auprès des Français, montre que plus de la moitié d’entre eux juge l’Intelligence Artificielle comme une menace. C’est d’autant plus surprenant que ce sont eux qui achètent le plus de biens de consommation équipés d’IA (des enceintes intelligentes en passant par les téléphones et autres gadgets) et qui, par leurs usages, leurs permettent de toujours être plus intelligents.
Le concept d’IA n’est pas nouveau : qui n’a jamais entendu parler du test de Turing ? Test ayant pour but de faire interagir un humain avec une machine sans que ce premier ne s’en rende compte. Ce test, mis en avant par une marque automobile allemande promouvant l’intelligence artificielle embarquée de son dernier modèle, a été imaginé par Alan Turing en … 1950. Aujourd’hui l’IA est partout et ce n’est pas près de s’arrêter.
A quelles fins sera-t-elle utilisée ?
Avec la naissance des jumeaux Lulu et Nana génétiquement modifiés, annoncée fin novembre, la communauté scientifique internationale s’est offusquée et a globalement exprimé son indignation. Mais globalement, que s’est-il passé ? Depuis quelques années, l’homme sait modifier – au stade embryonnaire – l’ADN. Avec cette avancée, le monde s’est mis à caresser l’idée que l’on pourrait éradiquer des maladies graves, éviter les malformations de tous genres et faire en sorte que plus aucune naissance ne donne lieu à de très mauvaises surprises. Bref, le débat sur l’eugénisme s’est rouvert pour arriver à la conclusion : pas de modification d’ADN d’homme car cela risquerait d’être ingérable. Pourtant, quelques temps après : Lulu et Nana naissent.
Cet exemple est une mise en garde de ce qui va arriver avec l’IA. Si cette dernière est utilisée à des fins commerciales ou même médicales – on sait aujourd’hui qu’une IA est capable de détecter de façon plus sûre et plus rapide une tumeur au cerveau que n’importe quel spécialiste – qu’en est-il du secteur de l’armement ou de l’information ? En effet, obtenir des réponses toujours plus précises aux questions que l’on pose à notre enceinte connectée, améliorer la détection des maladies plus rapidement pour faire bénéficier le patient d’un traitement plus adapté ou encore aider les aéroports dans leur surveillance sont des améliorations dues à l’IA, acceptées de tous.
Mais si on venait à se servir de l’IA dans l’armement pour permettre à des drones autonomes d’aller tuer des terroristes ou dans l’information pour aller modifier des opinions en créant des comptes sur les réseaux sociaux (et en interagissant dessus de façon massive avec des milliers de citoyens) … de suite on comprend les limites éthiques d’une telle innovation.
L’IA et les humains : le duo indéfectible
Dans une résolution de septembre dernier, le Parlement européen a plaidé pour une interdiction internationale des robots tueurs autonomes. L’objectif étant de garantir qu’il y aura toujours un être humain derrière les robots dotés d’IA. C’est une bonne chose … mais sommes-nous certains que tout le monde respectera cette résolution ?
Avant de sombrer dans une réplique de Terminator et du Skynet, il est important que tout le monde ait conscience que l’IA va véritablement révolutionner notre quotidien. Notre façon de nous déplacer, de consommer et même de penser. De nouveaux métiers vont apparaître entre le philosophe et le développeur et c’est justement à ce moment que la notion d’éthique sera primordiale. Les salariés les plus qualifiés seront ceux capables, à tous les niveaux, de travailler conjointement avec de l’intelligence artificielle : de l’ouvrier dans les usines de voiture au cardiologue, tous les métiers seront modifiés.
Car contrairement à ce que laisseraient croire certains, l’IA aura les mêmes effets sur l’économie mondiale qu’a eu Internet et avant lui l’automobile. L’économie va se transformer, de nouveaux business vont apparaître pour en remplacer d’autres. À nous d’être attentifs aux avancées et de faire en sorte que dans cette bataille l’Europe en sorte grandie … pour éviter que dans 20 ans on fasse de nouveau le constat suivant : les GAFA et les BATX* dominent le monde.
Pour consulter les résultats de notre étude, cliquez plus bas pour la télécharger.