Quels que soient leurs tailles et domaines d’activités, quasiment toutes les entreprises ont placé l’utilisation de la donnée au cœur de leur stratégie. Pourtant, très peu d’entre elles ont réussi à faire le lien entre la définition d’une stratégie “Data-Driven” théorique et sa mise en application concrète sur le terrain.

Dans un précédent article (accessible via ce lien), nous avions décrit les freins à l’épanouissement des usages de la donnée dans les organisations et mis en évidence que ces derniers étaient principalement d’ordre culturel. Cet état de fait, aux côtés de nos différents retours d’expérience, ont forgé notre conviction qu’il est nécessaire d’intégrer une démarche inclusive dans la mise en place de projets Data.

Pour ce faire, nous avons développé un framework particulièrement performant pour satisfaire cette inclusivité : le Data Thinking. S’inspirant du Design Thinking – méthodologie présentée dans la section suivante, le Data Thinking est détaillé dans cet article, notamment son principe, ses objectifs, ses avantages, ses méthodologies et ses outils.

Qu’est-ce que le Design Thinking ?

Le Design Thinking est une méthode de gestion de l’innovation développée par Rolf Faste dans les années 1980. Il place l’utilisateur au centre des réflexions – selon une approche “user-centric” –, qui sont menées par des équipes représentant la diversité des disciplines mobilisées par la problématique étudiée.

Suivant une succession d’étapes et d’ateliers, l’objectif est d’aboutir rapidement à un prototype reflétant la priorisation des idées générées collectivement. Les principaux ingrédients du Design Thinking sont : l’empathie, la créativité, la co-création, l’itération, le prototypage, le bon sens et surtout l’intelligence collective.

Qu’est-ce que le Data Thinking ?

Le Data Thinking repose sur de jeunes notions. Le terme apparait pour la première fois en 2013 dans un ouvrage de Mario Faria et Rogrio Panigassi. Son ambition est de conjuguer la valorisation des données et les réflexions sur l’expérience utilisateur portées par le Design Thinking. Cette méthodologie se déploie dans un cadre Data holistique – c’est-à-dire à multi-dimensions et échelles.

Nous l’avons évoqué, les valeurs du Design Thinking sont particulièrement pertinentes pour adresser les freins culturels à l’adoption à échelle de la Data. De fait, le Data Thinking permet de co-construire des trajectoires créatives intégrant de nouvelles technologies et/ou de nouveaux usages s’appuyant sur les données et l’intelligence collective.

Selon une approche globale (métier, organisationnelle et technique), elle met les consommateurs et problématiques business au cœur de la Data pour accélérer la valorisation des données (à l’appui de la gouvernance de la donnée, de la business intelligence, de la data science…).

Les objectifs du Data Thinking

Le Data Thinking peut se décliner en une série d’objectifs couvrant les dimensions qu’il recouvre :

  • Identifier les processus business pouvant bénéficier d’une valorisation des données et renforcer ainsi l’empreinte fonctionnelle des solutions envisagées s’appuyant sur des leviers techniques ;
  • Détecter et qualifier les périmètres de données exploitables (accessibilité, représentativité, fiabilité, complétude…) ;
  • Anticiper et adresser les éventuels freins techniques sur la collecte et le traitement des données, et l’éventuelle phase de modélisation ;
  • Explorer les assets Data pour préciser d’éventuelles intuitions business ;
  • Définir dès le début d’un projet les KPIs qui permettront de valider l’approche et mesurer l’impact associé ;
  • Décrire les décisions et actions qui peuvent être menées consécutivement dans le prolongement de la démarche ;
  • Faciliter et planifier le cycle de vie des projets, depuis la phase initiale d’idéation et de cadrage (s’appuyant sur le Data Thinking) jusqu’à l’exploitation durable de produits.

Comme précédemment évoqué, il faut insister ici sur l’importance d’adopter une approche holistique, au-delà des seuls aspects techniques et fonctionnels. Les enjeux du business, des données, des technologies et des algorithmes y seront discutés, aux côtés des enjeux de stratégie et de leadership, des compétences et des rôles, de la culture et des méthodes de travail, des modèles opérationnels et des processus associés (coordination, communication, interfaces, etc.), des gestions de communautés…

C’est l’écosystème qu’il faut considérer dans son ensemble pour garantir des fondations solides aux projets qui émergeront de cette démarche.

Les avantages du Data Thinking

Voici une liste non-exhaustive des principaux bénéfices notables du Data Thinking :

  • Contribue à la définition d’une vision globale et éventuellement d’une roadmap ;
  • Améliore la satisfaction des utilisateurs de données et de l’utilisateur final ;
  • Réunit les parties prenantes, leurs compétences et les composantes d’un projet Data dès les prémices de projets ;
  • Concrétise rapidement les projets, permettant de tester les résultats et obtenir des feedbacks dans des délais courts ;
  • Sécurise la démarche à moindres risques (investissement sur des temps courts) via une approche  systématique et standardisée pour couvrir un maximum de problématiques et réduire les angles morts ;
  • Couvre tant des enjeux qualitatifs, notamment via le processus d’idéation stimulant l’innovation, que quantitatifs grâce à des chiffrages viabilisant les perspectives ;
  • Met en place une logique d’amélioration continue pour l’exploitation des données d’une entreprise grâce à la capitalisation de ses précédentes tentatives à un niveau transversal ;
  • Crée des données “intelligentes” et “intelligibles” en combinant les enrichissements qu’apportent la machine avec l’entendement humain.

Ensemble réunis, ces éléments contribuent au renforcement de l’adoption de la culture Data au sein des organisations et favorise la réussite des projets de valorisation de données.

La méthodologie et les outils du Data Thinking

Notre méthodologie de Data Thinking s’appuie sur sept étapes qui ont naturellement des points communs avec celles du Design Thinking. Elles prennent la forme d’une succession d’ateliers accueillant les représentants de toutes les parties prenantes, selon l’ordre suivant :

Comprendre

Il s’agit de comprendre le contexte business dans lequel s’inscrit la démarche. Comment ? En collectant les retours des parties prenantes, en réalisant des ateliers d’analyses (espoirs et craintes, carte des intervenants, cartes de l’empathie des personaes, recherche et parcours utilisateur) ou en vulgarisant le rôle et les usages de la Data auprès des participants non-techniciens. L’objectif est d’aligner la compréhension des problématiques métiers envisagées avec de nouvelles perspectives et des leviers Data activables dans l’absolu.

Observer

Les différentes ressources disponibles voire non-disponibles mais nécessaires sont explorées au cours de cette phase. Pour les données par exemple, cela peut prendre la forme d’un atelier de cartographie ou d’une étude des solutions clé-en-main disponibles sur le marché. Les éléments contextuels découlant de la phase « Comprendre » et « Observer » alimentent la Carte Environnement.

Idéer

Cette étape est critique : l’objectif est de « brainstormer » pour produire des idées à l’aide de techniques d’idéations inspirées de l’existant, de l’état de l’art, de l’expertise des « Data practitioners » et de notre accompagnement.

Prioriser

Il s’agit de faciliter le processus de priorisation de la solution en s’appuyant sur des critères de désirabilité, faisabilité et viabilité. Pour cela, notre Matrice de Priorisation permet d’identifier visuellement les opportunités à privilégier selon ces critères.

Définir

Une fois la solution identifiée, il faut définir les briques qui la constitueront. Par exemple, il est possible de réaliser un proto-data model représentant les données exploitées au long des traitements et le lineage correspondant. Il est également nécessaire d’identifier les KPIs qui permettront de mesurer le succès de la démarche et suivre les résultats (procéder si nécessaire à une analyse de coût bénéfice). Tous les composants sont référencés dans le template de Fiche d’Identité Solution.

Prototyper

Grâce à la précision des constituants de la solution, il s’agit de créer un prototype de celle-ci pour décrire explicitement à quoi correspondrait un MVP. La question des interfaces est particulièrement importante dans cette démarche (tableau de bord, data viz…). L’implémentation du prototype se fait dans une démarche lean et peut être complétée d’un story board.

Tester

En s’appuyant sur le prototype, il s’agit de simuler l’exploitation de la solution devant conduire à des prises de décisions et actions s’inscrivant dans des scénarios. Cette étape consiste aussi à projeter l’exploitation des KPIs et le pilotage de la solution. Les tests sont réalisés avec les parties prenantes cibles pour qu’elles puissent s’approprier la solution et formuler des retours. Le livrable type est un portefeuille de scénarios d’usages et une grille de retours des testeurs.

Pour garantir le succès de ce parcours pragmatique et prolifique, nous avons mis en place des outils standardisés permettant de structurer qualitativement et accélérer efficacement son déroulement. Notre méthodologie est adaptable à tout contexte, et selon les particularités de l’écosystème concerné il est possible de réduire comme d’augmenter tout ou partie du programme. Par exemple, les étapes de prototypage et de testing peuvent être omises dans la démarche de Data Thinking pour être plutôt envisagées dans une démarche en aval, au sein d’une méthodologie Lean Data dans le cadre d’un PoC.

Intégrer le Data Thinking dans une démarche globale

Puisqu’elle permet d’identifier de nouvelles opportunités de valorisation de données, au sein d’une démarche inclusive, cette méthodologie doit s’inscrire dans une dynamique macroscopique décrivant le cycle de vie des projets ou produits, ainsi que la gestion globale de ces assets au niveau de l’organisation. L’adoption à l’échelle d’une culture Data et de ses artefacts n’en est que renforcée.

Le Data Thinking permet de formaliser et prioriser des opportunités ; il faut ensuite les convertir en produits. Il est important d’aborder cette phase avec de la rigueur et des éléments structurants, en mettant en place une démarche de Product Thinking par exemple. Cette séquence sera elle-même suivie d’une phase d’industrialisation répondant aux enjeux opérationnels (DevOps, DataOps, MLOps…).

Une vision translationnelle garantit donc le succès des projets Data ; c’est l’une des valeurs constituant le cœur de l’accompagnement que Saegus propose à ses clients. À ce titre, cette démarche s’applique parfaitement au contexte du Data Marketing, ce qui nous a permis de formaliser une offre dédiée à ses enjeux.

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Rédigé par Clément Moutard, Manager au sein de notre département Data Driven

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