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En visualisation, tabler sur le tableau !

Le tableau est probablement la visualisation la plus utilisée de nos quotidiens. Des rapports financiers aux horaires de bus en passant par les calendriers (Cf. l’image ci-dessous) et même certains menus de restaurants, il est difficile voire même impossible de n’avoir jamais croisé ou créé un tableau.

Professionnellement, les tableaux sont les data visualizations les plus utilisées car ils ne nécessitent aucune connaissance ou maîtrise de logiciels. Pour de nombreuses personnes le tableau n’est pas un graphique, ainsi ils ne les (re)travaillent pas avant de les présenter. Ceci engendre souvent des visuels peu optimaux voire repoussants.

Rien de mieux qu’un bon exemple pour illustrer ce propos.

Dans le cas présent, compte tenu du nombre conséquent de variables à afficher (7 variables), le tableau est bel et bien une solution pertinente [1]. Cependant, le manque de mise en forme (ou mise en forme non-optimale) rend l’assimilation de l’information difficile, ce qui s’oppose donc au but principal de la data visualization.

Il est possible d’améliorer la mise en forme afin d’alléger la lecture et de rendre ce tableau plus plaisant à lire :

#1 Alléger le ratio encre-information

Ce qui n’allait pas dans l’exemple précédent :

Le premier aperçu du tableau renvoie une impression de lourdeur par la mise en forme de l’écriture, l’utilisation d’un quadrillage ainsi que d’un encadrement épais et par le remplissage en nuance de gris. L’ensemble de ces éléments vont être perçus inutilement par notre œil et notre cerveau. Il faut donc les éviter tant que possible.

Ce qui peut être fait :

Retirer le quadrillage par défaut et le conserver uniquement lorsqu’il est nécessaire, comme pour distinguer des parties au sein du tableau.

Éviter d’utiliser le remplissage des cases (les fonds) et encore moins des fonds foncés. Ils ne sont pas nécessaires pour les titres, quant aux totaux, il est préférable d’opter pour une couleur claire (type pastel).

Éviter d’utiliser à outrance les mises en forme de texte (type gras et italique). Trop de mises en forme sur le texte a tendance à plus noyer l’information qu’à la mettre en valeur.

#2 Faciliter la lecture par ligne

Ce qui n’allait pas dans l’exemple précédent :

Le fond uni et/ou quadrillé peut facilement perdre un lecteur. Bien qu’il soit peu probable de se tromper avec un tableau aussi simple (7 lignes, 7 colonnes), la difficulté augmente très rapidement avec l’ajout de ligne ou de colonnes et il devient alors très facile pour le lecteur de se tromper de ligne lors de la lecture du tableau.

Ce qui peut être fait :

Utiliser une alternance entre le blanc et une couleur neutre et claire permet d’aider l’œil à suivre une ligne. Cette technique améliore donc la lisibilité tout en retirant des éléments visuels du tableau (e.g. un quadrillage appuyé).

#3 Arrondir les valeurs et utiliser des abréviations

Ce qui n’allait pas dans l’exemple précédent :

Le tableau précédent exprime clairement des budgets en millions générant ainsi de nombreux chiffres dans ce tableau. Que celui qui n’a pas eu à compter le nombre de « 0 » dans la colonne “Budget” (pour en déterminer l’ordre de grandeur) me jette la première pierre !

Ce qui peut être fait :

Arrondir les valeurs si les décimales n’ont pas d’intérêt.

Utiliser des puissances de mille (milliers, millions, milliards, etc.) pour réduire les chiffres présents dans le tableau. Il est courant d’utiliser des abréviations telles que le « k » pour les milliers, « M » pour les millions, « G/B/T » pour les milliards. Les abréviations pour les milliers et millions restent génériques, cependant les milliards peuvent dépendre de la langue utilisée et du domaine d’application (monétaire, informatique, etc.). Il est donc conseillé de bien se renseigner sur l’auditoire possible du tableau.

#4 Spécifier les échelles et les unités, notamment monétaires

Ce qui n’allait pas dans l’exemple précédent :

La colonne Budget est exprimée en millions, il n’y a pas plus d’informations. Inconsciemment le cerveau reconstruit par déduction les informations manquantes, dans l’étendu du possible : Le Budget relève d’une question d’argent, ainsi les valeurs annoncées sont très probablement des montants monétaires. Quid de la devise utilisée ? La réponse est peut-être claire et évidente pour le créateur du graphique mais rarement pour les lecteurs.

Il en est de même pour l’échelle temporelle des colonnes “Évolution”. La période est manquante et rend donc l’analyse impossible (ou potentiellement fausse). S’agit-il d’une évolution mensuelle, annuelle ou trimestrielle ?

Ce qui peut être fait :

Spécifier l’unité monétaire. S’il s’agit d’une monnaie dont le symbole est connu (on pense notamment aux euros (€), dollars ($), etc.) : spécifier le symbole monétaire (moins de texte à lire, tout en conservant la compréhensibilité du graphique).

Toujours spécifier les périodes d’évolution pour éviter toute confusion.

Ajouter un titre pour préciser la période des chiffres annoncés ! Un graphique sans titre n’est qu’un dessin !

#5 Garder de la consistance dans les mises en forme

Ce qui n’allait pas dans l’exemple précédent :

Bien qu’il y ait une consistance dans l’ordre des colonnes (la colonne évolution se situant toujours à droite de la colonne des chiffres annuels. Dans le cas présent, il pourrait être confusant d’avoir une colonne d’évolution entre 2 colonnes de valeurs.

La consistance peut également s’appliquer sur la mise en forme du texte en particulier sur l’utilisation des couleurs. Dans l’exemple initial il est fort possible que la baisse du budget de l’équipe “Logistique” soit totalement passé inaperçu.

Ce qui peut être fait :

La structure de ce tableau permet de lever le doute en plaçant la colonne “Recrutements” en seconde place pour se retrouver avec un enchaînement valeur-évolution pour les effectifs et le budget.

Alignement des codes couleur pour les colonnes du tableau.

#6 Utiliser des symboles divers

Ce qui n’allait pas dans l’exemple précédent :

Jusqu’à présent le tableau a été traité comme une simple mise à plat de chiffres. Pour améliorer le rendu il est également possible d’ajouter des éléments plus visuels.

Ce qui peut être fait :

Deux éléments facilement implémentables peuvent permettre de rendre la lecture plus agréable : Aérer le tableau et utiliser des couleurs moins vives (Anthracite à la place du noir, rouge à tendance bordeaux à la place du rouge vif classique, etc.).

Ajouter des symboles tels que des flèches, courbes ou barres est également possible afin de diriger l’œil sur les éléments important. Dans l’exemple ci-dessous l’utilisation de barres met en valeur la dernière colonne (“performances”) plus efficacement que l’utilisation du gras (initialement utilisé).

Il ne s’agit là que d’un exemple. D’autres choix visuels auraient pu être réalisé sans pour autant être considéré comme des choix « plus mauvais ».

L’ensemble des solutions apportées sur le tableau initial ont été réalisée avec un tableau classique (Excel™, pour ne pas le citer). Il n’est donc pas nécessaire de s’équiper en outil de data visualization pour retravailler ses tableaux comme des graphiques.

Vous avez à présent les clés pour captiver votre audience lors de vos réunions !

Rédigé par Eliot Moll, Consultant Data Driven Business

Notes [1] Il se peut qu’un tableau ne soit pas la seule solution mais figure cependant parmi les meilleures.

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